Wednesday, December 20, 2006

"Le potentiel érotique de ma femme"



Il est évident que le roman, Le Potentiel Erotique de Ma Femme de David Foenkinos tourne autour de la tendance du personnage principal, Hector, à collectionner les choses. Il y a bien plus de collections que celles qu'il nous avoue. À la page 21 il nous énumère ses collections anciennes. Puis, il renonce aux collections, mais, au bureau, il accumule inconsciemment des gestes d'enthousiasme (pour son voeu solennel) de ses collègues. Il veut "se demander pourquoi un tel enthousiasme collectif." (Foenkinos 40). Depuis longtemps il remplaçait les filles (et les amies) par ses collections. Selon le narrateur: "On dit souvent qu'il existe des hommes à femmes, on peut considérer qu'Hector est un homme à objets." (Foenkinos 22). Il pensait même aux femmes comme des objets (mais pas dans le sens de phallocrate). Quand il a rencontré Brigitte la première fois, il se disait "...il fallait remonter cet autre bras pour s'apercevoir qu'il appartenait à un échantillon humain d'origine féminine." (Foenkinos 52). Ensuite, il replonge inconsciemment dans sa collecto-manie quand il commence à collecter les instants où sa femme lave les vitres. On peut aussi voir qu'il est un peu obsédé par les rousses, et par les fixations de ses parents. Quand Hector avait 13 ans son frère s'était marié "à une petite rousse assez excitante" (Foenkinos 31) et depuis Hector remarque les femmes rousses. Il note "une secrétaire tout aussi rousse" (Foenkinos 39), une Géraldine "qui pourrait être rousse" (Foenkinos 41), et une pièce dans la collection de Marcel "rousse millésime 77" (Foenkinos 47) qui appartient de la fixation de Marcel mais aussi nous emmène sur le sujet de l'obsession de son père: les moustaches. Pour son père et donc pour toute la famille d'Hector, les moustaches sont un signe d'âge adulte et d’héroïsme. "Quand son visage eut l'honneur d'accueillir une moustache digne, il se sentit devenir homme... devenir héroïque." (Foenkinos 30). Quant à sa mère, elle est obsédée par la soupe. De façon très amusante, Foenkinos nous dit qu'Hector était "élevé par une moustache et une soupe." (Foenkinos 151).

On suit cette idée des héros. La première phrase du livre est "Hector avait une tête de héros." (Foenkinos 13). On voit que ce mot porte beaucoup d'importance dans la famille d'Hector et aussi de celle de Brigitte. Selon notre narrateur, "Le père de Bernard [grand-père d'Hector]...était mort héroïquement en 1940. Le mot héroïque est un grand manteau, on peut tout y fourrer...Bernard fut donc élevé dans le culte de son héros de père." (Foenkinos 29-30). Alors, l'idée de héros est fort dans l'histoire de la famille d'Hector. Quand Hector fait sa résolution, le narrateur le décrit comme "le courageux Hector" (Foenkinos 38). Et, comme un petit garçon qui se mit aux contes de fées, il pense "Dans certaines histoires, [le bonheur] se manifeste au moment où le chevalier sauve la princesse; ici, il surgit au moment où le héros regarde l'héroïne laver les vitres." (Foenkinos 80). Quant à Gérard, le frère de Brigitte, son héroïsme (de son nature sportif) fait de lui leader de sa famille. "...c'était cette image héroïque faisait de Gérard le leader incontestable de la famille." (Foenkinos 62). Finalement, dans la dernière phrase du roman, le narrateur annonce, "avec trois enfants d'un coup, il méritait au moins l'appellation de héros." (Foenkinos 167). Il nous laisse avec la connaissance qu'Hector, en faisant sa progéniture, faisait une collection d'enfants.

À part de ses collections et obsessions, ou peut-être grâce à elles, Hector est un personnage naïf. Il vivait parmi ses collections jusqu'à ce qu’il trouve une femme, la (seule) femme de sa vie. Comme dit Stanislas Bosch-Chomont dans un article sur parutions.com, "L'auteur nous fait suivre, alors, la construction d'un personnage – et non pas la reconstruction, Hector n'a jamais rien été."1 C'est vrai qu'il ne replonge pas dans une maladie, parce que, après sa résolution, il est la première fois qu'il apprendra comment à vivre sans son affliction. En plus, son affliction était une construction en deux sens : il construit ses collections, et ses collections construisent une identité pour Hector. "Toute sa vie, lui aussi, en accumulant les objets les plus absurdes, avait voulu paraître important en se construisant une identité matérielle." (Foenkinos 151). David Foenkinos a construit un personnage principal avec lequel on sympathise et qui on l’espère trouvera le bonheur dans la construction de sa famille et pas dans des collections matérielles.

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