Wednesday, December 20, 2006

L’Islam et La Nouvelle : Le Roman du XXIè Siècle



Un roman est par définition une fiction. Quand les auteurs de romans du XXIè siècle écrivent sur l’Islam, (en particulier Michel Houellebecq dans Plateforme et Florian Zeller dans La Fascination du Pire) le lecteur le prend de façon circonspecte. Cependant, la ligne entre le fiction et réalité est transgressée quand les auteurs utilisent les faits actuels dans leurs romans. Le lecteur est projeté dans un chaos d’où il est difficile de distinguer le vrai du faux, fait et fiction. L’Islam est un sujet conflictuel, surtout à notre époque. Selon Pierre-Louis Rey, « L’essence du roman consiste dans un affrontement entre l’individu et le monde. »1 La façon la plus simple de différencier les opinions de l’auteur d’une véritable réflexion sur les points de vue de la société occidentale sur le sujet de l'Islam, thème d’étude que l’on retrouve dans ces deux romans, est de déterminer comment et pourquoi les auteurs utilisent les actualités de l’Islam, leurs opinions au dedans et en dehors de leurs romans.

Les deux auteurs décrivent l’Islam comme une religion régressive pour laquelle leurs personnages principaux ont pas mal de doléances. Leurs reproches sur l’Islam dans le monde fictionnel de ces romans sont les suivants : la suppression sexuelle, la censure, et la violence. Leurs plaintes s’orientent sur la suppression sexuelle de l’Islam, et les autres plaintes sont liées à la plainte sexuelle. Dans La Fascination du Pire, le personnage de Martin Millet (que la presse suspecte d’être un portrait de Houellebecq) est obsédé par sa quête de trouver une prostituée en Egypte, comme Flaubert en a trouvé selon sa Correspondance. Dans la grande disparité entre Correspondance et ce qu’il trouve aujourd’hui, Jérémie, chargé de mission de l’ambassade habitant en Egypte depuis trois ans, se plaint « Mais la vraie question, selon moi, c'est de savoir comment on est passé d'une culture qui prônait l'ardeur sexuelle à une négation aussi évidente du sexe. C'est tout. »2 Les personnages occidentaux ne peuvent pas rendre compatibles leurs perceptions et les piliers de l’Islam. Le narrateur nous explique, « Je ne voyais pas comment une communauté humaine pouvait tenir sans sexe. La frustration devait être gigantesque. »3 Michel dans Plateforme, qui organise du tourisme sexuelle, dit que « Le cas des pays arabes fut le plus vite réglé. Compte tenu de leur religion déraisonnable, toute activité d’ordre sexuel semblait exclue. »4 Dans Plateforme le personnage principal crée une formule vacance, tourisme sexuel inclus. La société occidentale étant basée sur la vie sexuel, et il est compréhensible que les personnages trouvent la suppression sexuelle prônée par l’Islam accablante.

Leur deuxième plainte est la censure dans les pays musulmans. Malgré un gouvernement ‘laïc,’ l’Egypte est un pays musulman où les membres du Parlement dit ‘indépendants’ sont en réalité liés à la Confrérie Musulmane, dirigée par Muhammad Akef, et représentent 20% du Parlement égyptien. Le manque de liberté d’expression est décrit dans La Fascination du Pire où notre personnage principal dit, «Puis, un peu loin, le Syndicat des journalistes. Le bâtiment ne devait pas servir à grand-chose puisque toute la presse était aux mains de l'Etat. Un journaliste n'écrivant pas exactement ce qu'il convient d'écrire perdait immédiatement son poste… »5 Cette déclaration est plus douce que la réalité. En réalité un journaliste qui écrit des choses négatives sur le gouvernement Egyptien (comme on dit en Egypte, ‘commettre diffamation’) perd non seulement son poste, mais aussi sa liberté actuelle. Par exemple, Mohammad el-Sharqawi* était appréhendé en avril 2006 pendant une manifestation qui critiquait le gouvernement égyptien. Il resta pourrir en prison pendant un mois. Il a quitté la prison le 23 mai, pour défier les ordres d’éviter les manifestations deux jours plus tard pour exiger l’abolition des punitions pour les journalistes qui ‘commettent diffamation’ contre le gouvernement égyptien. Il fût appréhendé immédiatement et torturé physiquement et sexuellement. Il faut dire que récemment le président égyptien, Hosni Moubarak, et le Parlement égyptien ont adopté une nouvelle loi concernant la presse en faveur de l’annulation de l’article stipulant la prison pour les journalistes lançant des accusations de corruption. Dans La Fascination du Pire, Zeller ne va pas jusque là, mais décrit la censure dans le cadre de la littérature. Dans le salon du livres « La plupart des livres exposés étaient religieux...A coté, l'endroit réservé à la littérature était minuscule...'Ici, les gens ne lisent pas du tout de roman...' »6 A cause des ‘coucheries inutiles’ dans Madame Bovary de Flaubert, tout comme Les Mille et Une Nuits, le pouvoir musulman les condamnent. Le conclusion qu’on trouve dans La Fascination du Pire concernant la censure musulmane c’est que cela oppose l’Islam aux mœurs et valeurs de l’Occident. « Parce qu'à travers Flaubert, c'est finalement tout l'Occident qu'ils condamnent! »7 Cette incompatibilité perçue combinée avec l’intransigeance perçue (et assez avérée) de l'islam rend les occidentaux dans La Fascination du Pire froids aux musulmans. Selon le personnage principal dans La Fascination du Pire, « ...pour moi, ce n'était pas la « morale religieuse à la con » qui était en cause, mais la connerie tout court, c'est-à-dire la certitude de détenir la vérité et de nier, en son nom, tout ce qui la contredit. »8 La société occidentale vénère le droit de la liberté d’expression, qui est incompatible avec l’Islam. Les exemples utilisés dans le roman sont en parallèle avec les faits actuels.

Les lamentations sur la censure incluent une plainte contre l’hypocrisie que les auteurs trouvent dans la religion et dans les pays musulmans. Souvent, l’hypocrisie que les personnages retrouvent est liée au sexe, leur principale doléance. Les personnages trouvent que les Saoudiens sont les plus hypocrites parce que chez eux, ils sont extrémistes mais dans les autres pays ils utilisent des prostitués et font les mêmes choses que ce qu’ils interdisent. Martin l’exprime le mieux, dans La Fascination du Pire, « Je veux dire que la haine qu’ils expriment en face de la femme est en réalité une forme impossible du désir… »9 Et l’apogée d’hypocrisie est trouvé dans les mots de Martin encore ici :

Tu sais ce que Mahomet promet aux fidèles? Un paradis exotique et sensuel dans lequel les jeunes filles se donnent facilement! Une sorte de coucherie gigantesque. Eh bien, tout cela existe déjà ici-bas! La frénésie de consommation et de sexe qui caractérise aujourd'hui l'Occident est en concurrence directe avec le paradis de Mahomet: entre les deux, il faut choisir, et tous ces Saoudiens ont clairement fait leur choix. En agissant de la sorte, ils n'espèrent plus aller au paradis, ils préfèrent s'enivrer immédiatement des plaisir interdits. A la limite, on peut même douter de leur foi véritable. Ils sont extrémistes dans leur pays parce que ça les arrange, mais ce à quoi ils aspirent vraiment, c'est finalement ce que propose le capitalisme occidental. A terme, tous ces types abandonneront l'islam...10

En parlent de son ami Theo Van Gogh et son assassinat, Ayaan Hirsi Ali dit que « …nombre de pays musulmans profitent des avances technologiques de l'Occident en feignant d'ignorer qu'elles trouvent leur origine… C'est cet aveuglement doublé d'hypocrisie qui rend la transition vers la modernité des plus pénibles pour les fidèles. J'ai quitté le monde de la foi... J'ai fait ce voyage vers les droits humains. A présent, je sais que l'un de ces deux mondes est tout simplement meilleur que l'autre. »11 Pour les personnages, cette hypocrisie est à la fois frustrante et rassurante, parce que c’est une preuve qu’au fond, les musulmans veulent la même chose que les occidentaux.

Le troisième reproche est la violence, selon toute apparence, implicite dans l’Islam fondamental. Houellebecq et Zeller ajoutent des exemples fictionnels de la violence musulmane qui ressemblent aux événements actuels. Avant mais surtout après le 11 septembre, les occidentaux mettent les musulmans dans le rôle principal du méchant. Certes, tous les arabes ne sont pas musulmans et tous les musulmans ne sont pas des terroristes, loin de là, mais presque tous les musulmans que l’on voit dans le média le sont. Martin de La Fascination du Pire dit « ...de l'autre côté, l'islam se durcit et prépare une armée de types incultes qui ne rêvent qu'à une chose: nous détruire... »12 Aux occidentaux dans la littérature française, il semble que le groupe religieux le plus violent soient les musulmans. Selon un sondage aux Etats-Unis dirigé par le Public Agenda Foundation, 46% des Américains adultes croient que l’Islam est la religion la plus propre à encourager la violence parmi les fidèles. Les deux romans font mention de l’attentat à Sharm-el-Sheik en 1997 (aussi dit l’attentat de Louxor), et des implications pour le tourisme. Dans La Fascination du Pire, le personnage principal nous raconte la conséquence sur le tourisme est que « Cette…formule [au Caire, Louxor et Assouan] a connu un très grand succès jusqu'au mois de novembre 1997 au cours duquel un commando islamiste massacra, un matin, tous les touristes dans le temple d'Hatshepsout, à Louxor... Depuis…j’avais pas…voyagé dans les pays musulmans…»13 Dans Plateforme, en cours d’organisation de leur formule pour l’Egypte, Michel dit « A mon avis, personne n’a oublié l’attentat de Louxor, en 1997. Il y a quand même eu cinquante-huit morts. La seule chance d’arriver à vendre Sharm-el-Sheik, c’est d’enlever la mention « Egypte » ».14 Cet attentat pourrait paraître crédible, il a d’ailleurs eu réellement lieu. Le 18 novembre, 1997, un commando islamiste a massacré avec des armes automatiques et des poignards 74 personnes devant le temple d’Hatshepsout à Louxor. Dans Plateforme, vers la fin du livre il y a un attentat à Krabi, Thaïlande, ayant pour cibles des touristes sexuels de la formule vacance de Michel. Les assaillants, décris comme «enturbannés », ce qui indiqué leur association à l’Islam, tuent 117 personnes. Cela ressemble à un attentat réel sur l’île indonésienne de Bali (dans la ville de Kuta) où le groupe Jamaah Islamiyah, lié à Al Qaïda tuait 202 personnes. Denis Demonpion fait une bonne observation : « Des Malais, des Arabes ont-ils fait le coup ? En l'absence de revendication, il n'en sait rien. »15 Lorsqu’on apprend que quelque chose dans un roman fictionnel a réellement eu lieu, comment peut-on distinguer le vrai du faux, le fait de la fiction ?

Fondé sur des exemples pris dans les nouvelles actuelles, les romans montrent quelque chose de plus réel que la fiction, sans pour autant être vrai. Les raisons et les implications de l’utilisation des actualités dans leurs romans sont diverses. Selon Rey, « Le roman se définit à partir de deux pactes contradictoires passés entre l’écrivain et le lecteur. En inscrivant « roman » sur la couverture du livre, l’écrivain dit implicitement au lecteur : « Admettez que l’histoire que vous allez lire est imaginaire, même si elle vous paraît vraisemblable ». Mais il lui dit aussi : « Croyez à ce que je vais vous raconter, au moins le temps de la lecture, même si vous le jugez invraisemblable ». De ce jeu subtil entre vrai et faux relèvent tous les ouvrages qu’on a, au fil des siècles, baptisés « romans ». »16 Dans La Fascination du Pire, Jérémie explique que les musulmans au Caire croient que la loi sur la laïcité en France est islamophobe. Dans la réalité il y a une loi sur la laïcité, en France, et au travers de cela, on peut déduire que les musulmans en Egypte trouvent les gens Français islamophobes. Ajouté aux attentats susmentionnés, cela fait beaucoup de réalité dans nos livres fictionnels.

On a déterminé que quelques événements dans les romans reflètent la réalité, mais est-ce qu’ils reflètent les opinions des auteurs ? Dans les deux romans, les narrateurs critiquent les musulmans pour leur intransigeance par rapport à la liberté d’expression. Mais parfois ce n’est pas une lutte pour le mieux-être du monde. Selon Nalleau, Houellebecq utilise l’excuse de la liberté d’expression pour publier ses opinions racistes et s’enrichir. « Les imbéciles utiles se recrutent parmi ceux qui croient sincèrement défendre une juste cause et servent en réalité des intérêts d'une tout autre nature…Dans le cas de Houellebecq, les imbéciles utiles font la queue devant les tribunaux pour défendre la liberté d'expression d'un écrivain qui use de la provocation comme d'une stratégie marketing et doit se tenir le côtes en songeant à toutes les bonnes poires, juteuses à souhait, qu'il a mises dans sa poche. »17 Mais est-ce raciste de décrire les musulmans comme des êtres hypers violents si l’auteur le croit vraiment ? Ou mieux, est-ce encore de la fiction ? La presse croit qu’il est raciste, « …le moment est venu d'éventer un des plus misérables secrets de Houellebecq : tout ce qu'il semble présenter au deuxième degré est en réalité à prendre au premier degré. »18 Dans le magazine Lire pendant un entretien avec Didier Sénécal, Houellebecq disait « Et la religion la plus con, c'est quand même l'islam. Quand on lit le Coran, on est effondré…effondré ! La Bible, au moins, c'est très beau, parce que les juifs ont un sacré talent littéraire…ce qui peut excuser beaucoup des choses. Du coup, j'ai une sympathie résiduelle pour le catholicisme, à cause de son aspect polythéiste. »19 Dans Plateforme il écrit « L'islam avait brisé ma vie, et l'islam était certainement quelque chose que je pouvais haïr, constate instinctivement le narrateur, les jours suivants, je m'appliquai à éprouver de la haine pour les musulmans »20. La haine pour les musulmans en dedans et en dehors Plateforme me semble identique. Selon la mère de Houellebecq, « Alors, il peste. Contre tout et tout le monde – les Américains, «des cons », les « chinetoques », des « salopards », le Brésil, un « pays de merde », les « Nègres », des « babouins », les Arabes, surtout les Arabes, des « délinquants », des « assassins » en puissance, etc. »21 Malgré les paroles de sa mère et de lui-même, la preuve la plus évidente pour moi que Houellebecq est au fond raciste c’est que pendant que Zeller pose des questions et cherche des réponses sur l’Islam, (tout simplement il ouvre une discussion assez équilibrée et intelligente), Houellebecq n’écrit que des invectives concernant l’Islam. Par exemple, il écrit de la part de sa rencontre égyptienne, « L’Islam ne pouvait naître que dans un désert stupide, au milieu de Bédouins crasseux qui n’avaient rien d’autre à faire…que d’enculer leurs chameaux….Dès sa naissance, il se signale par une succession ininterrompue de guerres d’invasion et de massacres ; jamais, tant qu’il existera, la concorde ne pourra régner sur le monde. Jamais non plus, en terre musulmane, l’intelligence et le talent ne pourront trouver leur place… »22 Pendant que Zeller écrit, « je l’avais déjà lu [le Coran]…je m’étais beaucoup intéressé à l’histoire comparée des religions. »23 Et aulieu de dire que l’Islam est une religion inférieure comme Houellebecq, dans un entretien quand Hervé de Saint Hilaire à demandé à Zeller si ses opinions sont identiques aux opinions de ses personnages, il lui répliqué « « mais, après tout, se défend-il, dans un roman il doit y avoir des personnages, et ils peuvent avoir des idées» »24 En plus, vers la fin de La Fascination du Pire, les personnages discutent les différences entre l’Islam et l’Islam radical. Houellebecq ne fait aucune distinction. Selon Rey, « Il faut distinguer la vraisemblance externe (accord entre ce que contient le roman et ce que nous savons de la vie) et la vraisemblance interne (accord entre eux des éléments qui composent le roman). La vraisemblance externe s’impose dans le cas d’un roman qui vise à refléter la réalité. »25 Alors, Houellebecq est probablement raciste, Zeller ne l’est probablement pas, et en utilisant le roman, les deux visent à refléter la réalité.

Malgré les preuves de racisme de Houellebecq, les plaintes générales dans les deux romans servent à définir une plainte générale sur la régression de la religion musulmane. Dans Plateforme, un petit personnage égyptien non musulman dit à Michel, « Quand je pense que ce pays [Egypte] a tout inventé…Depuis l’apparition de l’islam, plus rien. Le néant intellectuel absolu, le vide total. »26 Et selon Martin dans La Fascination du Pire « La barbarie, c'est la fin de la culture! Et le terreau de cette barbarie, c'est l'illettrisme, la régression mentale et la connerie sous toutes ses formes! Le nombre de procès contre les livres organisés par les associations musulmanes hantées par la vertu, c'est flippant! Et ça sera de pire en pire!»27 L’oppression de la liberté est quelque chose que l’occident ne supporte pas. Les règles nombreuses rendent les citoyens adultes comme des enfants. On voit ce phénomène dans le roman La Petite Fille et La Cigarette de Benoît Duteurtre où le personnage principal doit se plier aux caprices des enfants et suivre des règles sévères. De cette façon, les citoyens et les touristes des pays musulmans deviennent comme des enfants, insinuent que les musulmans sont comme enfants, une régression d’adulte. « Ils ne rigolent pas avec ça [l'alcool], expliqua Thibault. Pour te donner un exemple, la rue du restaurant porte le nom d'un Egyptien d'une certaine époque qui a fait égorger son fils parce qu'il l'avait retrouvé soûl... »28 Enfin, après avoir noté que la plupart des plaintes sur l’Islam viennent de la bouche de Martin dans La Fascination du Pire, et la suspicion qu’il est un portrait de Houellebecq, on peut déduire que tandis que Plateforme reflète la réalité Houellebecquienne de l’Islam, La Fascination du Pire reflète la réalité que Houellebecq est raciste envers les musulmans.

Il y a aussi une autre possibilité : les auteurs ont choisi d’inclure l’Islam, parce que c’est un sujet controversé, et que la polémique est rentable: « Il y croise une autre figure très rentable d'un point de vue symbolique : celle de l'ayatollah. Les déclarations de notre auteur sur l'Islam passent toutes les bornes de la plus crasse ignorance et de la plus épaisse bêtise. Succès assuré dans un pays où le racisme anti-arabe est toujours une valeur sûre. »29 Il a vendu plus que 350 000 exemplaires depuis la parution en 2001, un grand chiffre en France. En plus, une discussion sur l’Islam est un polémique sûr. Cité ci-dessus, les musulmans sont les méchants du jour. Ce n’est plus à la mode de discuter des juifs, comme il y a soixante ans. « …la doxa de notre époque excluait formellement l'expression publique de l'antisémitisme…mais tolérait encore, dans une certaine mesure, celle du racisme et de l'islamophobie. »30 Alors, peut-être le choisit-il parce que cela fait « Un scandale soigneusement dosé pour éviter des conséquences trop fâcheuses.»31 Selon Naulleau :

« …les écrivains de la limite connaissent parfaitement les limites. Il reste à bonne distance du catholicisme et plus encore du judaïsme. Pour les lourdes raisons historiques que l'on sait, l'antisémitisme ne s'exhibe plus qu'à titre exceptionnel dans les milieux intellectuels ou médiatiques – ce dont on ne peut que se réjouir. Quoi qu'il en soit, il y aurait eu moins de monde à la barre…pour défendre la liberté d'expression si Houellebecq avait par exemple déclaré que la Torah était le livre le plus con du monde et le judaïsme une religion stupide. Ce qu'il n'aurait pas hésité à faire s'il avait vécu dans les années 20 du siècle dernier où la judéo phobie pouvait s'étaler sans vergogne et sans risque, où sévissaient à la fois un antisémitisme de plume et un antisémitisme de salon – et où l'on entreprenait d'édifier la Grande Mosquée de Paris afin de rendre hommage aux très nombreux soldats musulmans tombés pour la France durant le Première Guerre mondiale. Houellebecq ne perd jamais de vue le curseur qui lui sert à mesurer jusqu'où il peut aller trop loin par les temps qui courent. »32

Houellebecq est peut-être après tout un bon homme d’affaires et non un raciste. Zeller utilise la même formule, traiter de l’Islam et il a vendu plus que 42 000 exemplaires, et a gagné le prestigieux Prix Interallié. Quel que soit la raison de mentionner l’Islam, c’est une initiative fructueuse.

En parlant de l’Islam dans La Fascination du Pire et dans Plateforme, les deux auteurs touchent à la perception occidentale de l’Islam, une religion qui opprime la sexualité, qui favorise la censure, qui est violente, et régressive. Ils utilisent les actualités comme preuve de leurs déclarations et dans le cas de Houellebecq, rationalise ses opinions racistes. Ils utilisent le sujet de l’Islam parce que c’est rentable, une polémique recevable. Lorsqu’on définit le roman comme un livre fictionnel, les effets de l’incorporation des actualités restent flous. Ils représentent les romans du XXIè siècle qui se cherchent encore une nouvelle définition.

Bibliographie

Ali, Ayaan Hirsi. « Face à l'islam radical, l'Europe est comme un dattier qui se dépouille... ». Le

Figaro 18 novembre 2007, p. 46

Blanckeman, Bruno. Les Fictions Singulieres. Paris : Prétexte Editeur, 20002.

De Saint Hilaire, Hervé. « Zeller, exercices d'admiration; PORTRAIT » Le Figaro 07 septembre

2004 : p. 24.

Demonpion, Denis. Houellebecq Non Autorisé, Enquête sur un phénomène. Paris : Maren Sell

Editeurs, 2005.

Gantz, Katherine. "Strolling With Houellebecq: The Textutal Terrain of Postmodern Flânerie."

Journal of Modern Literature 28.3 (2005): 149-61.

Houellebecq, Michel. Plateforme. Paris : Flammarion , 2001.

Meizoz, Jérôme. "Le Roman et l'inacceptable: Polémiques autour de Plateforme de Michel

Houellebecq". Etudes de Lettres 4 (2003): 125-48.

Naulleau, Eric. Au secours, Houellebecq revient ! Chifflet & Cie, 2005.

Patricola, Jean-François. Michel Houellebecq ou la provocation permanente. Ecriture, 2005.

Rey, Pierre-Louis. Le Roman et la nouvelle. Paris: Hatier, 2001.

Zeller, Florian. La Fascination du Pire. Paris : Flammarion, 2004.

*J'ai appris de Mohammad el-Sharqawi dans le blog "CAIRO DISPATCH" (anglais) de mon pote Reuben. Vous pouvez le voir ici.

1 comment:

Victoria said...

C'est interessant. J'ai quelques amis d'Egypte qui m'ont dit qui la situation est grave.

Aussi, est ce que tu sais comment je peut utiliser les accents francaises sur blogger?